I. Pourquoi faire un/des CIRA ?
Quelques années après la seconde guerre mondiale, André Prudhommeaux, alors secrétaire aux relations internationales de la Fédération anarchiste, écrit dans Le Libertaire (n° 115, 15 février 1948).
Les périodes de guerre et de réaction amènent la destruction massive, souvent absurde, de toute la littérature subversive accumulée par les siècles, y compris les manuscrits d’ouvrages non publiés, des lettres précieuses, etc. Tout ce qui n’est pas détruit par l’adversaire l’est à titre de « mesure de prudence » par les militants, les sympathisants, les amis trop zélés, etc.
Puis vient la période de reconstruction du mouvement. On s’aperçoit alors de la difficulté insurmontable de se procurer certains textes essentiels ; il faut alors refaire entièrement les traductions de certains classiques ; l’histoire des expériences vécues s’est évanouie dans la brume du passé, par la dispersion et la mort des camarades, et la mise à sac des archives. On donnerait tout au monde pour retrouver ce qui est perdu. Et c’est impossible.
Dans ces circonstances, le devoir de chaque camarade qui a pu préserver la documentation des années écoulées, c’est de ne rien jeter, de ne rien vendre au hasard, même des choses apparemment démodées et périmées. Le fonds commun du trésor de la pensée et de l’expérience émancipatrice doit être conservé et mis à la disposition de tous, par la création de collections spécialisées, tenues à jour dans les principaux centres de recherches.
C’est dans cette optique qu’est fondé vers 1957, à Genève, le Centre international de recherches sur l’anarchisme.
À Marseille même, au début des années 1960, le mouvement anarchiste est quasi inexistant, mais un redémarrage va s’opérer bientôt grâce aux efforts de quelques militants parmi lesquels il faut citer Vertice Persici (1931-2000), Juan Morata et André Arru (1911-1999). Ce sont eux, en effet, qui prennent l’initiative de convoquer un certain nombre de jeunes, pour la plupart fils ou filles d’anarchistes ou de sympathisants (avec une forte majorité de parents réfugiés espagnols), lesquels constituent le 14 avril 1960 le groupe Jeunes libertaires de Marseille, qui va par la suite développer une certaine activité.
Parallèlement, les deux groupes anarchistes (Marseille-Centre et Marseille-Saint-Antoine) qui sont jusque-là plus ou moins en sommeil, reprennent un peu d’activité : ils organisent des réunions publiques ainsi que des soirées et des sorties, ils diffusent la presse, rédigent et distribuent des tracts…
C’est à cette époque que quelques militants parmi lesquels se trouve René Bianco (1941-2005) apprennent l’existence du CIRA de Genève et s’enthousiasment pour cette initiative qui leur paraît très importante. René Bianco est aujourd’hui, et depuis de nombreuses années, considéré comme le fondateur du CIRA de Marseille. Pendant des années, il l’a porté à bout de bras, assumant, souvent seul, les rôles de trésorier, secrétaire, animateur.
Il faut rappeler que, dans les années 1960, il est pratiquement impossible de trouver en librairie de la littérature anarchiste (ou sur l’anarchisme).
Il faut rappeler que, dans les années 1960, il est pratiquement impossible de trouver en librairie de la littérature anarchiste (ou sur l’anarchisme). Il n’y a ni éditions ni rééditions, et il faut donc dépouiller consciencieusement les catalogues des bouquinistes pour espérer trouver, de temps à autre et à des prix souvent prohibitifs, les textes essentiels.
Cependant, petit à petit, les trois groupes anarchistes marseillais commencent à rassembler des matériaux (dons de vieux militants, achats…) pour les déposer au CIRA à Genève, qui leur paraît un endroit sûr. C’est alors le seul centre de documentation en Europe, géré par des anarchistes sérieux et compétents, et accessible à tous les militants, mais aussi à tous ceux qui peuvent être amenés à s’intéresser aux idées libertaires. C’est ainsi que plusieurs transports de cartons sont organisés entre Marseille et Genève.
Très rapidement cependant se pose le problème des documents en plusieurs exemplaires. Il est inutile d’envoyer en Suisse des matériaux (journaux, revues, livres, brochures) qui s’y trouvent déjà. Cela encombre le local du CIRA, dont les collections viennent d’être transférées à Lausanne et se trouvent réparties dans deux pièces au premier étage de la pension de famille que tient alors Marie-Christine Mikhaïlo (1916-2004), la mère de Marianne Enckell.
II. Où stocker tout ça ?
C’est alors que ces militants marseillais commencent à envisager l’achat d’un local pour y réunir notamment ces documents, qui sont provisoirement entreposés dans une petite salle de la Vieille Bourse du travail. Ils décident de créer un dépôt annexe du CIRA suisse dont les trois premiers responsables sont Robert Camoin comme secrétaire, Jean-Marc Pislot comme trésorier et René Bianco qui est chargé d’assurer la liaison avec le CIRA de Lausanne.
Entre-temps, cependant, les archives et les collections rassemblées à la Vieille Bourse du travail sont l’objet de vols qui menacent le travail entrepris. Ces actes de malveillance obligent les militants à effectuer un déménagement en catastrophe et ce sont Pierre Jouventin et Jesus Vicente qui assurent alors la conservation, à leurs domiciles, de la quasi-totalité des documents.
Quelques mois plus tard, le groupe Marseille-Centre de la Fédération anarchiste accepte de les entreposer dans le petit local (en sous-sol) dont il est depuis peu locataire, au 75 rue de l’Olivier (Marseille 5e ). Le CIRA ne dispose toujours que de 20 à 25 cotisants plus ou moins réguliers, ce qui ne lui permet pas de louer ou d’acheter un local.
En 1969, heureusement, l’association Culture et liberté achète et aménage un local au 72 boulevard Eugène Pierre (Marseille 5e), où le CIRA est aussitôt gratuitement abrité. Il va y rester dix ans et en profiter pour s’étoffer un peu puisque, en 1970, on dénombre 35 cotisants et que, l’année d’après, 39 contributions furent perçues. Hélas, au cours des années suivantes, le nombre des cotisations diminue. Puis, heureusement, la courbe redevient ascendante pour atteindre 61 membres en 1979.
Précisément c’est le 1er janvier 1979 que le CIRA s’installe dans un nouveau local très spacieux en plein centre-ville au 5 rue des Convalescents (Marseille 1er) et ce grâce à l’historien Émile Temime (1926-2008). Le CIRA a enfin la possibilité de développer d’autres activités : expositions, conférences, tables rondes…
Dès lors, implanté en plein centre-ville (à 100 mètres de la gare Saint-Charles et de la Canebière), le CIRA profite de cette situation et attire plus facilement un nouveau public, d’où une progression du nombre de ses adhérent·e·s.
Aussitôt installé dans ses nouveaux locaux, le CIRA de Marseille organise une première grande exposition (avril 1979) intitulée L’œuvre culturelle des anarchistes espagnols en exil, qui remporte un grand succès. C’est à cette occasion que Pepita Carpena (1919-2005) adhère au CIRA puis consacre une bonne partie de son temps à son fonctionnement, jusqu’à son décès.
C’est en 1986 qu’apparaissent les premières menaces d’expulsion de notre local de la rue des Convalescents car la Mairie de Marseille envisage de rénover l’immeuble pour en faire une résidence pour personnes âgées.
Malgré le soutien de nombreuses personnalités, à la fin de l’année 1989 le CIRA doit abandonner le local et ne trouve aucune solution de remplacement satisfaisante. Ses finances ne lui permettent pas de payer un loyer. Les livres sont mis en cartons et entreposés avec le mobilier chez des amis sûrs. Les périodiques et les affiches sont déposés aux Archives départementales des Bouches-du-Rhône. Ces documents (1 750 périodiques, 2 000 affiches) y ont été classés et inventoriés. Ils peuvent toujours y être consultés. Les activités du CIRA sont alors réduites au minimum. Il n’y a plus ni permanences, ni conférences, ni réunions.
Grâce à la volonté opiniâtre de plusieurs de ses membres, le CIRA retrouve un local toujours en plein centre-ville, 3 rue Saint-Dominique (Marseille 1er). Les travaux démarrent le 1er juin 1990 et sont assurés par des membres et des ami·e·s du CIRA. Le local est l’ancien siège de l’Église arménienne, dont les journaux et divers documents seront déposés aux Archives départementales. L’inauguration a lieu le 15 décembre 1990. C’est l’occasion de fêter le 25e anniversaire du CIRA. En 1992, les derniers cartons d’archives encore entreposés chez les amis réintègrent le local.
Le CIRA est resté là jusqu’en décembre 2011, date à laquelle la ville de Marseille a mis fin à son bail. Grâce à la constitution d’une cagnotte depuis une dizaine d’années, à la vente de cuvées de vin et à un appel à la solidarité, un local de 100 m2 a enfin pu être acheté et aménagé au 50 rue Consolat (Marseille 1er). Depuis janvier 2012, c’est là que se trouve le CIRA de Marseille.

Mais assez rapidement, et malgré la construction d’une mezzanine qui agrandit le local d’environ 40 m2, le CIRA manque de place et les cartons de journaux s’entassent dans la salle des causeries. Grâce à un généreux donateur le CIRA acquiert en 2017 un local de 70 m2 dans la même rue, à guère plus de 100 m du local. Ce nouvel espace permet d’entreposer les collections de périodiques ainsi que les cartons de documents en attente de tri. Il n’est pas ouvert au public.
III. Quel est le statut du CIRA ?
Né en 1965, ce n’est qu’en 1987 que le CIRA de Marseille décide de se constituer en association loi 1901. Le principal but du CIRA est de collecter, de classer et d’archiver tout ce qui a un rapport avec l’anarchisme et de le mettre à disposition de toute personne intéressée.
Le CIRA est membre de la Fédération internationale des centres d’études et de documentation libertaires (FICEDL). Cette fédération a été fondée à Marseille en 1979 par des délégués venus des Pays-Bas, d’Allemagne, de Suisse, d’Italie, de France (Paris, Lyon, Bordeaux, Marseille) et d’Espagne. Le CIRA a participé à (presque) toutes ses rencontres. Il a organisé les rencontres en 2005 à Marseille et à Saint-Imier (Suisse) en 2023.
Le CIRA est indépendant de toute organisation politique ou syndicale. Cela ne l’empêche pas de participer à des actions de solidarité : pour des réfractaires à l’armée en Espagne, pour des amis victimes de la répression, pour des centres d’archives libertaires (France, Argentine, Brésil, Italie…).
IV. Qui finance le CIRA ?
Le CIRA est une association qui a besoin d’un budget de fonctionnement important (les charges, les impressions, la maintenance du matériel, les frais postaux sont les postes principaux de notre budget). Les principales ressources sont les cotisations des adhérent·e·s. Encore faut-il qu’ils soient nombreux et nombreuses. Alors qu’il y avait 92 membres en 1981, il n’y en avait plus que 58 en 1988. Année après année, leur nombre va à nouveau augmenter pour atteindre environ 230 à l’heure actuelle, nombre stable depuis plusieurs années. La cotisation moyenne a été de 73 euros en 2023.
On est membre du CIRA pour soutenir ce lieu et ses activités, parce qu’on pense que ce travail de collecte et d’archivage est important pour le mouvement anarchiste. Les membres peuvent emprunter les livres de la bibliothèque et reçoivent les publications. La moitié des adhérent·e·s habitent le Sud-Est, 20 % la région parisienne, 30 % les autres régions et quelques membres sont à l’étranger.
La gestion du CIRA est faite de manière collective et militante par un conseil d’administration élu en assemblée générale. Une partie des membres actifs vit à, ou près de Marseille, mais pas seulement. Tout le travail est fait bénévolement. Le CIRA ne souhaite pas avoir de salarié·e·s.
V. Mais que fait-on au CIRA, qu’y trouve-t-on ?
En fonction des disponibilités des membres actifs de la région, le local ouvre ses portes une ou plusieurs fois par semaine. Le public, adhérents ou non, est accueilli lors de ces permanences. S’il ne connaît pas le CIRA et son local, une visite guidée lui sera proposée, ainsi qu’un petit historique. Le public vient pour discuter et échanger, lire sur place, emprunter des livres (s’il est adhérent·e), travailler, se réunir…
En 2023, 700 personnes sont ainsi passées au local. L’été est propice aux visites internationales. Ainsi, cet été-là, nous avons accueilli 84 personnes venues d’un peu partout : Allemagne (Berlin, Leipzig, Münster), Belgique, Chili, France (Bordeaux, Brest, Lille, Lyon, Paris, Rennes, Strasbourg), Géorgie, Hongrie, Italie, Mexique, Pays-Bas, Pérou, Québec, Royaume-Uni, Sénégal, Suisse.
Les tâches régulières sont nombreuses : traiter le courrier électronique, le trier et le classer puis décider qui y répond ; envoyer le courrier (actuellement bimestriel) par voie électronique, mais aussi par la Poste ; trier, classer et cataloguer les périodiques, les brochures et les livres ; gérer les emprunts de la bibliothèque ; gérer l’espace de diffusion, entretenir le site Internet ; organiser les causeries mensuelles et, bien entendu, tenir à jour le fichier des adhérent·e·s et la comptabilité !
L’informatisation a été évoquée dès 1988. En 1993, René Bianco se met à l’informatique pour taper les circulaires, les invitations et les comptes-rendus de réunions. À partir de 2000, l’informatisation de la bibliothèque francophone peut commencer. En 2002, un site Internet est ouvert sur lequel on peut, entre autres, consulter le catalogue. Grâce à l’informatisation le travail régulier peut se faire ailleurs qu’à Marseille.
Le fonds de livres de la bibliothèque se compose aujourd’hui d’environ 10 500 titres : 9 200 en français, 540 en castillan, 360 en italien ; d’autres langues sont présentes : anglais, allemand, portugais… Le CIRA possède également 5 000 brochures. Tous ces documents ont été écrits par des anarchistes, publiés par des anarchistes, ou portent d’une manière ou d’une autre sur le mouvement ou les idées anarchistes. De même sont conservés des écrits et des biographies de personnes qui n’ont été anarchistes qu’une partie de leur vie.
Le CIRA possède aussi des archives personnelles de militant·e·s, des affiches, des tracts, des films, des documents iconographiques (cartes postales, photos, autocollants), des documents numériques, des travaux universitaires (300), des dossiers biographiques, des objets comme, entre autres, ceux fabriqués au bagne par Alexandre Marius Jacob, ou encore le magnifique drapeau noir du groupe anarchiste de Marseille-Saint-Henri-Vallée-de-Séon, fabriqué en 1900. Il y a aussi des cassettes audio et vidéo, des DVD, des disques vinyles et des objets divers (briquets, badges, tableaux…).
Les fonds sont alimentés par des dons. Les éditeurs envoient leurs livres pour la bibliothèque au titre du service de presse, les militant·e·s leurs revues, fanzines, tracts et affiches. Nous recevons parfois des dons très importants de livres et d’archives de la part de militant·e·s eux-mêmes ou de leurs proches.
De nombreux périodiques sont envoyés par celles et ceux qui les éditent et ils sont archivés (1 700 titres, dont 1 400 en français). Le CIRA possède un répertoire recensant 3 212 publications anarchistes parues en langue française entre 1850 et 1993 : c’est la thèse d’État de René Bianco : Un siècle de presse anarchiste d’expression française dans le monde : 1880-1983.
L’ensemble du fonds peut être consulté librement et gratuitement par toute personne intéressée : militant·e, étudiant·e, chercheur et chercheuse, écrivain·e, universitaire, journaliste… Les recherches peuvent se faire les jours de permanence, mais également en prenant rendez-vous. Il est répondu par courrier aux demandes de renseignements lorsque les recherches ne sont pas trop longues.
À l’entrée du local se trouve un espace de diffusion ; on peut y trouver, à la vente, les nouveautés (livres, brochures et périodiques) de la plupart des éditeurs libertaires et anarchistes. Sur le trottoir, la bouquinerie nous permet de proposer à prix libre des livres donnés non retenus pour nos archives, et surtout d’établir des contacts avec des personnes de passage dans la rue. Depuis l’installation dans son nouveau local rue Consolat, le CIRA organise plusieurs braderies à l’occasion de journées portes ouvertes.
Depuis les années 1990, Renée Triolle anime chaque semaine des cours d’espéranto, cette langue qui, depuis sa création, a toujours été appréciée par les anarchistes.
Le CIRA organise régulièrement des causeries, moments de rencontre et de débat avec des auteurs, des autrices et des éditeurs qui viennent présenter leurs derniers livres, avec des militants qui partagent leurs expériences, et avec des artistes (théâtre, musique). Depuis 1986, plus de 200 intervenant·e·s ont fait des exposés au CIRA. Nous n’en citerons que quelques uns : Michel Auvray, Claire Auzias, Constance Bantman, Roland Breton, Ronald Creagh, Jean-Marc Delpech, Jean-Pierre Duteuil, Marianne Enckell, Yves Frémion, Jean-Jacques Gandini, Renaud Garcia, Charles Jacquier, Rudolf de Jong, Pierre Jouventin, Charles Macdonald, Vicente Marti, Gaetano Manfredonia, Lou Marin, Thierry Maricourt, Philippe Pelletier, Cédric Pérolini, Mimmo Pucciarelli, René Riesel, Maurice Rajsfus, Claude Sigala, Anne Steiner, Émile Temime, Marc Tomsin, Roger Vignaud, et bien d’autres encore. En 2024, les sujets suivants y ont été abordés : le génocide des tziganes, le cochonglier, l’Argentine, les chants sociaux et politiques occitans (spectacle musical), l’économie libertaire, l’ordre du technique, les exilés anarchistes à Londres et Michel Ragon.
Les causeries sont enregistrées puis mises en ligne ; on peut y accéder à partir du site du CIRA. À l’heure actuelle, on peut ainsi écouter 80 causeries des années 2000.
Le CIRA prête des documents pour des expositions (des reproductions d’affiches ont été présentées au festival Festi Lumbra dans la vallée du Jabron et lors de la fête de Radio Zinzine à Longo Maï en 2024 ; une partie est exposée au local en ce moment). Quelques expositions ont été installées au local par le passé. On a pu voir des photos, des collages, des peintures et des reproductions de documents anciens.
VI. Le CIRA a-t-il une activité hors de son local ?
Oui, pour mieux se faire connaître, le CIRA n’hésite pas à sortir de ses murs ! En 1994, Richard Martin (1943-2023) organise dans son théâtre, le Toursky, la première Nuit de l’anarchie. 300 personnes ont pu écouter de la musique (Serge Utge-Royo, Maurad, Meille, Jo Falisi, Jean-Marc Le Bihan), écouter des textes de Léo Ferré, voir les rushes du film d’Hélène Châtelain sur Nestor Makhno, regarder les tables de presse des divers groupes militants (Alternative libertaire, CNT, FA), participer à des discussions. Richard Martin renouvelle l’expérience tous les ans. En 1995, les associations présentes sont encore plus nombreuses et la restauration est assurée de manière collective. Au fil des années, on a pu voir et écouter Bernard Lubat, Mama Béa, Louis Arti, Michel Bühler, Gilbert Lafaille, le Cuarteto Cedrón, Michèle Bernard. Le CIRA est présent avec une table de presse. En 2000, le CIRA installe une exposition sur les Communes de Paris et de Marseille. Le CIRA participe aux Nuits de l’anarchie pendant plus de 10 ans. Richard Martin a encore mis à notre disposition son théâtre pour l’organisation de conférences, d’un colloque et d’une foire aux livres. En 2015, le CIRA y a fêté ses 50 ans.
En 2003, le CIRA organise la première Foire aux livres anarchistes de Marseille (FLAM). 400 personnes ont pu assister à quatre débats et à cinq prestations artistiques. La restauration et la buvette sont assurées de manière collective. Cette foire réunit 25 stands d’éditeurs de livres et brochures anarchistes. La FLAM a lieu à nouveau en 2010 puis 2015.
Le CIRA est présent également dans de nombreux salons du livre anarchiste, en France (Paris, Merlieux, Dijon, Cluny, Toulouse, Pau…), mais aussi à l’étranger (Florence, Carrare, Porto, Lisbonne, Londres, Zagreb, Berne, Bienne, Gand, Delémont, Saint-Imier, Bilbao). Le CIRA tient souvent une table de presse dans différentes manifestations, un peu partout en France.
Le CIRA collabore à des colloques et des rencontres : L’anarchisme (Barcelone, 1993), La culture libertaire (Grenoble, 1996), La littérature prolétarienne (Saint-Nazaire, 2002), Bernard Lazare (Paris, 2003), Les 100 ans de la mort de Louise Michel : hommage à une femme d’exception (Marseille, 2005), Le mouvement ouvrier en Provence pendant la Première Guerre mondiale (Marseille, 2014) ; il en organise : L’extrême-droite à Marseille (1987), Han Ryner (2002), Alexandre Marius Jacob (2005).
Une présentation du CIRA est régulièrement faite à diverses occasions : projection de films (par exemple Un autre futur de Richard Prost), salons du livre, dans des séminaires ou des colloques (dernièrement au cours du séminaire Esthétiques anarchistes en 2023 à Marseille), dans des émissions de radio (plusieurs fois pour Radio Libertaire, en 2003 sur Radio Zinzine , en 2016 sur Radio Galère, en 2017 sur Libradio (Suisse), en 2020 pour La clé des ondes à Bordeaux).
Au début des années 2000, des discussions sont organisées à La Passerelle à Paris dans le cadre des Causeries littéraires du CIRA. Au début de l’été, nous nous retrouvons pour un pique-nique. Ainsi nous allons plusieurs fois à Venelles, près d’Aix-en-Provence, ou à Cadenet dans le Vaucluse. Puis, pendant de nombreuses années, le pique-nique se déroule chez notre ami Bernard Babec (1943-2018) à Vernègues, un petit village du côté de Salon-de-Provence. Les adhérent·e·s et les sympathisant·e·s ainsi que leurs familles se retrouvent au pied du vieux village pour une journée de grande convivialité. Mais nous avons aussi pique-niqué dans le Var, l’Indre, le Loir-et-Cher, l’Oise et l’Ardèche.
VII. Que publie le CIRA ?
Un bulletin est publié (46 numéros à ce jour). Des sujets très variés y sont abordés. Les premiers bulletins font un état des collections. Puis sont édités des bulletins thématiques. Ils sont d’abord consacrés à la région marseillaise : le Congrès de Marseille en 1879, la section de l’Internationale, Louise Michel en Provence. Puis est abordée la Seconde Guerre mondiale vue par les anarchistes français et espagnols, la presse clandestine libertaire en Espagne, la presse anarchiste en France, l’anarchisme en Argentine. Le n° 41 s’appelle Les errances d’un réfugié. Ce sont les mémoires de Juan (Moreno) Martinez Vita (1914-2001) qui fut le compagnon de Pepita Carpena (1919-2005). Dans le n° 42, le CIRA fête ses 40 ans en 2005 et commémore le centième anniversaire du procès d’Alexandre Marius Jacob. Le n° 43 est consacré à Clotaire Henez (1923-2012). Le n° 44 est la retranscription annotée d’un entretien avec Madeleine Bossière. Dans le n° 45, ¡Mala puta!, Azucena Rubio raconte la Retirada qu’elle a vécue à 5 ans, et les années difficiles d’exil qui suivirent. Le n° 46, La mauvaise graine : Daniel Bekaert (1946-2021) est un texte de Xavier Bekaert, fils du militant anarchiste belge Daniel Bekaert. Neuf numéros hors-séries ont complété ces bulletins. On peut y lire des informations sur la vie de l’association, des avis de parution, des coupures de presse, des listes de recherches en cours…
Le CIRA édite chaque année depuis 1990 une Bibliographie anarchiste qui recense (presque) tout ce qui est publié en français et qui a un rapport, même lointain, avec l’anarchisme.
Depuis novembre 1999, le CIRA publie La Feuille d’infos du CIRA (260 numéros à ce jour). Mensuelle puis bimestrielle, elle annonce les manifestations, les parutions de livres et revues, les sorties de films, les actions de solidarité… Cette feuille est très largement diffusée (plus de 1 700 exemplaires par courrier électronique).
VIII. Comment contacte-t-on le CIRA ?
Par téléphone au 09 50 51 10 89.
Par courriel à cira.marseille@gmail.com
Sur Internet à l’adresse suivante : www.cira-marseille.info
Sur place au 50 rue Consolat à Marseille (13001) lors des permanences (voir le site pour les jours et les horaires).